GÉOGRAPHIE, HISTORIQUE ET MORPHOGENÈSE
CERDA Ildefonso (1979), La théorie générale de l’urbanisation, Paris, Édition le seuil, 250 p.
CERDA Ildefonso (1979), La théorie générale de l’urbanisation, Paris, Édition le seuil, 250 p.
Les grands changements urbanistiques de Barcelone s’amorcent en 1860 avec la publication du plan d’extension de la ville développé par Ildefonso Cerdá. Celui-ci, ingénieur diplômé de l’école d’ingénieurs des ponts et chaussées, sera l’inventeur de l’urbanisme, le premier à rédiger théoriquement à ce sujet ainsi que le premier à mettre en application ses principes développés.
C’est sa rencontre avec les piètres conditions de vie des ouvriers enfermés entre les murailles désuètes et condamnées à vivre dans cette ville inadaptée à la modernité qui provoquera son désir de révolutionner la ville. S’inscrivant dans le contexte de la première révolution industrielle, dans la montée du développement de l’idéologie communiste ainsi que dans la philosophie de l’homme naturel de Rousseau, Cerdá développe le plan d’extension sous le principe que tous les hommes sont égaux. (CERDA Ildefonso (1979), La théorie générale de l’urbanisation, Paris, Édition le seuil, 250 p.)
En toute cohérence, Cerdá affirme que tous devraient avoir accès à :
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la salubrité et l’hygiène;
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un espace pour vivre à l’intérieur et à l’extérieur;
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un espace sécuritaire pour circuler;
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un espace pour la production maraichère;
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l’air frais et propre;
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la lumière;
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la tranquillité sonore;
CERDA Ildefonso (1979), La théorie générale de l’urbanisation, Paris, Édition le seuil, 250 p.
CERDA Ildefonso (1979), La théorie générale de l’urbanisation, Paris, Édition le seuil, 250 p.
Le plan Cerdá s’articule selon deux thèmes : l’espace du séjour, concernant l’ensemble du bâti, et l’espace du mouvement, concernant l’interface entre chaque élément bâti. Cette définition de l’espace du mouvement de Cerdá reflète l’importance de plus en plus grande que prennent la mobilité et les véhicules dans la société.
population: 1 604 555 habitants (2015)
superficie: 100.4 km2
densité: 15 982 hab./km2
population: 540 994 habitants (2015)
superficie: 484.1 km2
densité: 1 192 hab./km2
Contextualisme et traces du passé // Composantes actuelles de la ville :
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Artères principales larges de 50m
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Artères secondaires larges de 20m
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+/- 5m de trottoirs de chaque côté
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Édifices hauts de 6 à 8 étages avec rez-de-chaussée commercial
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Coins de chaque îlot tronqué à 45° pour historiquement admettre le rayon de courbure des machines à vapeur.
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Densité prévue de 250 personnes par hectare.
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Densité résultante de 2000 personnes par hectare en 1925
CERDA Ildefonso (1979), La théorie générale de l’urbanisation, Paris, Édition le seuil, 250 p.
Privé
Public
Malgré la densification de la ville, la végétation est toujours présente dans la rue et occupe de multiples rôles. En plus de contribuer à filtrer l’air et à apporter de l’ombre dans la rue, il s’agit d’une séparation visuelle entre l’espace public du rez-de-chaussée et l’espace privé situé aux étages supérieurs.
Production
Vie
Mobilité
Ces schémas présentent l’évolution morphologique de l’îlot développé par Cerdá. À l’origine, il ne devait s’agir que d’une construction partielle de l’îlot afin d’intégrer les qualités d’air propre, d’espaces végétalisés et de lumière. Cette construction partielle s’articulait différemment dans l’ensemble du plan de manière à encadrer la rue ou plutôt créer des parcs en continuité. De plus, chaque côté de l’îlot formerait un carré puisqu’il ne voulait pas qu’un segment de rue prévale sur un autre. Cela dit, l’évolution naturelle de la ville a eu raison de l’idée originelle du plan. Sur chaque côté de l’îlot s’est construit une façade; dans chaque centre d’îlot, du bâti d’encombrement s’est ajouté.
Déjà en 1860, Cerdá avait planifié la modularité de la ville de Barcelone. La distribution uniforme des services dans les quartiers et les districts révèle sa vision égalitaire. Selon son plan originel :
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Chaque district possède un marché situé dans un noeud ou le centre d’attraction;
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Chaque quartier dispose d’un centre social réunissant église, maison de retraite, école et édifices pour le culte occupant un îlot complet
En comparant les deux coupes, on constate la différence de gabarit entre un îlot typique de Limoilou, à Québec, et un îlot typique de Barcelone. Une unité morphologique de Barcelone semble correspondre à l’équivalent d’une fois et demie la taille d’une unité morphologique de Limoilou. À Québec, on observe la présence d’une ruelle traversant longitudinalement l’îlot, contrairement à Barcelone où le centre de l’îlot est généralement rempli de bâti d’encombrement. Par ailleurs, la hauteur des bâtiments à Barcelone correspond au double, sinon plus, de la typologie propre à Limoilou.
En regardant les schémas, on constate que Barcelone s’inscrit dans un tissu urbain complètement différent de Québec et de ses différents quartiers. À Québec, on distingue pratiquement chaque parcelle divisant l’îlot grâce au type de bâti. Les composantes internes de l’îlot sont lisibles. Dans le cas de Barcelone, on distingue nettement les îlots les uns des autres. Cela dit, il est difficile à priori d’établir la logique derrière le découpage du bâti à l’intérieur même de l’îlot, dû à la densification de la ville. Une trame oblique du bâti semble se superposer à la trame orthogonale des îlots, mais un ensemble d’autres formes remplit de manière irrégulière l’espace.
On constate aujourd’hui que les nombreuses qualités de l’espace intégré par Cerdá se sont perdues dans la croissance et la densification de la ville, qui, aujourd’hui, renoue pratiquement avec ses problématiques d’il y a 150 ans. La ville de Barcelone se confronte à la perte de l’espace séjour végétalisé du plan initial, reléguant l’ensemble des utilisateurs de la ville à l’espace du mouvement dominé par l’automobile. Jumelée à une problématique de pollution de l’air, la municipalité de la ville de Barcelone a entrepris d’élaborer un plan de mobilité urbaine (PMU) basé sur le modèle théorique des Superblocks.